Érik Arjona quitte le CMVB pour "un nouveau challenge"
Le coach des Hornets ne poursuivra pas l’aventure la saison prochaine en Nationale 2. À 49 ans, l’ancien passeur a décidé de relever un “nouveau challenge” auprès de la FFVB en prenant la direction du Pôle France féminin au Creps de Toulouse. Un choix compliqué pour Érik Arjona qui reste “viscéralement attaché” au CMVB
La montée en Nationale 2 actée avant même la dernière journée dimanche 8 mai (15 heures) contre Croix-d’Argent Montpellier, avez-vous le sentiment du devoir accompli ?
J’ai effectivement le sentiment du devoir accompli par rapport au championnat. C’est un soulagement et une fierté. Il faut se rendre compte de la marche gravie : c’est la première fois dans le sud du Tarn et à Castres qu’il y aura une équipe féminine en Nationale 2, dans l’antichambre du monde professionnel. C’est historique ! Ça commence à être sérieux. Mais maintenant que c’est acté, comme je suis un compétiteur, j’ai tout de suite basculé sur la phase finale. Ça a d’abord de l’importance pour mon groupe parce que j’ai envie qu’il vive ce que j’ai eu la chance de vivre plusieurs fois en tant que joueur. Dans l’aventure humaine que je prône, c’est fabuleux à vivre parce que tu en parles quinze ans après encore ! Un titre, que ce soit en milieu international, professionnel ou amateur, c’est fabuleux, ça reste une aventure humaine et ça marque. Et puis par rapport à notre projet, il n’y a rien de mieux que de parler d’une montée et d’aller chercher un titre derrière. C’est un outil de communication important. Ça permet de faire connaître l’équipe, le club, de montrer qu’on est dans une phase de réussite, donc ça ne peut amener que du bien en termes de retombées.
Vous avez une riche carrière de joueur comme passeur et déjà une petite carrière d’entraîneur derrière vous, où placez-vous cette saison par rapport à tout ce que vous avez vécu jusqu’à présent ?
Dans ma carrière de joueur, j’ai vécu des choses plus belles parce que j’étais sur le parquet, parce que j’ai toujours eu la chance dans les équipes dans lesquelles je jouais d’évoluer avec des potes qui sont devenus des amis pour la majorité. C’est pour ça que le sport collectif, c’est beau. J’ai eu la chance de jouer avec de super joueurs et de super mecs. Par contre, au niveau de l’entraînement, c’est ma meilleure saison pour plein de raisons. D’abord parce que c’est véritablement la première année que j’entraîne des filles et que je prends cette équipe en mains puisque la saison dernière est tombée à l’eau à cause du Covid. Ma fierté est que ça se solde par une montée, donc c’est rassurant, c’est motivant, et ça donne envie d’aller encore plus loin. Et puis il y a ma fille Lola là-dedans, donc c’est encore plus fort. Je vis un truc fabuleux avec elle !
La montée actée, vous ne coacherez pourtant pas les Hornets la saison prochaine en Nationale 2. Pourquoi ce choix de rejoindre le Pôle France féminin de Toulouse ?
Tout d’abord, le choix a été très difficile… À partir du moment où la Fédération m’a proposé cette opportunité en juillet, jusqu’à ce que je prenne la décision de l’accepter en décembre, ça a été dur… Parce qu’en même temps que j’avais ça en tête, je m’étais engagé sur le projet qu’on avait écrit. Ça m’a mis pas mal de pression. Je ne l’ai pas très bien vécu parce que j’ai cogité et j’ai eu des coups de mou. Mais j’ai fait ce choix parce que c’était la possibilité de me sortir de mon métier de prof d’EPS [NDLR : il avait été muté l’été dernier du collège Jean-Monnet au lycée de La Borde-Basse], que j’aime beaucoup, mais j’avais l’impression d’en avoir fait un peu le tour. Je ne trouvais plus la motivation, j’avais besoin d’un nouveau challenge et de me remettre un peu en question. Ce challenge, le CMVB me l’a amené avec ce projet autour des Hornets. Mais le poste de responsable du Pôle France féminin de Toulouse, c’était dans l’immédiat. À 49 ans, j’arrive à un moment de ma vie où il fallait vraiment que je me réoriente. Et j’avais besoin d’un nouveau challenge dans l’immédiat à 100 %. Et ça, Castres ne pouvait pas me l’offrir encore.
Quel est concrètement ce « nouveau challenge » ?
Depuis le 1er janvier, je suis responsable du Pôle France féminin de volley-ball basé au Creps de Toulouse et je suis aussi entraîneur national de l’équipe France Avenir, sachant qu’il y a deux équipes : celle qui joue en Ligue A et celle qui joue en DEF, la division en dessous. À partir de la rentrée prochaine, je vais être un des entraîneurs de la DEF et je vais aussi pouvoir être adjoint sur l’équipe pro en fonction de notre organisation en interne. Ce n’était donc plus compatible avec mon rôle de coach des Hornets. J’ai aussi arrêté dès novembre dernier ma fonction d’entraîneur spécifique des passeurs pros et du centre de formation aux Spacer’s de Toulouse où j’intervenais depuis 2017.
Vous avez encore une saison à terminer avec les Hornets. L’objectif de la montée atteint, comment abordez-vous ce dernier mois de compétition sachant que le CMVB organisera le « final four » les 28 et 29 mai ?
Personnellement, je n’ai pas envie d’en rester là. On a donc mis en place un contrat moral entre le staff et l’équipe. J’ai déjà vécu une montée suivie des phases finales, il y a deux possibilités. Soit jusqu’à la phase finale on continue à s’entraîner normalement, il n’y a pas de relâchement et on se crée un objectif qui est d’aller chercher le titre. Soit, et ça appartient au groupe, on fait du loisir. Mais si on annonce qu’on va chercher le titre, ça veut dire que derrière je peux monter mon degré d’exigence et appuyer là où ça fait mal. Aller chercher un titre après la saison qu’on fait en championnat régulier, c’est fabuleux, c’est encore plus beau qu’une montée. Je voulais que ça vienne des filles et elles ont envie de terminer en beauté parce qu’elles savent qu’il y a ensuite une page qui va se tourner. Donc on y va, on se donne encore un mois où on se donne à fond. Ce qu’elles vivent, tout le monde ne le vit pas dans une carrière.
Qu’est-ce qui est le plus difficile pour vous : partir alors qu’une dynamique est enclenchée, lâcher ce groupe, ne plus vivre tout ça avec votre fille ?
Le plus dur à vivre est d’abord l’idée de lâcher cette équipe, et du coup ma fille aussi ! C’est sûr que j’aurais aimé continuer à la former parce que je trouve qu’elle est perfectible. Et puis j’aime beaucoup cette équipe. Je pense avoir été un joueur de caractère et je trouve qu’elle est un peu à mon image. Même si ce n’est pas toujours facile, parce que quand on a du caractère il peut y avoir des tensions. Mais ces joueuses ne se sont jamais échappées, elles ont toujours été à l’écoute, elles ont essayé de mettre en place ce que je leur demandais. Et ça, franchement, c’est le top pour un entraîneur. C’est aussi difficile de lâcher un projet qu’on a écrit avec Stéphane Cabrol et Frédéric Cormary parce que c’est un projet auquel je crois beaucoup. C’est un projet qui est viable, même s’il va falloir beaucoup de patience à un jeune président qui se retrousse les manches, qui est ambitieux pour le volley, le sport féminin et son club. C’est fabuleux pour le CMVB.
Allez-vous malgré tout continuer à suivre le parcours de cette équipe la saison prochaine, et en quoi pouvez-vous continuer à l’aider à distance ?
Bien sûr que je vais suivre l’évolution de cette équipe. Déjà parce qu’il y aura encore ma fille Lola. Et puis, comme je l’ai déjà dit, c’est une équipe que j’aime beaucoup. J’aime beaucoup les personnes qui la constitue. Donc c’est clair que je vais suivre leurs résultats. Je vais venir assister à des matchs dès que je le pourrai. La saison qu’on vient de vivre, l’aventure qu’on vit, ça a forcément créé des liens plus forts encore. Donc j’ai cette envie d’aider encore, peut être avec un rôle de conseiller auprès des dirigeants, car je sais que le plus dur commence. Après en terme d’entraînement, il y aura un nouvel entraîneur, donc je ne veux surtout pas lui faire de l’ombre. Il faut le laisser faire, lui laisser imposer sa griffe, ses convictions, son expérience et sa vision. Par contre, si c’est un entraîneur qui veut bien partager et que je l’aide à connaître les filles en lui faisant un retour de ce qu’on a vécu cette année, ce sera avec grand plaisir. D’autant plus que je serai dans les parages puisque je vivrai toujours sur Castres. Et je suis viscéralement attaché à ce club que j’aime beaucoup et qui m’a fait grandir. Je l’aurai toujours en tête.
Pourrait-on vous revoir dans quelques années à un poste à responsabilités au sein du CMVB ?
Franchement, la porte sera toujours ouverte de mon côté. Je suis parti pour un beau projet avec la Fédération. C’est un poste à responsabilités qui est hyper intéressant. Il y a beaucoup de travail, c’est un gros challenge, mais il est excitant et j’aime ça. Mais le CMVB restera toujours le club de mon cœur. Donc pourquoi pas revenir pour un poste à responsabilités dans quelques années.